• Les animateurs permanents
  • Les écrits des internautes
  • LA PAGE DE CALLOWAY

     

  • Les "Rougon-Macquart" de Zola
  • Zola photographe
  • "Demain dès l'aube" de Victor Hugo
  • "L'abbesse de Castro" de Stendhal
  • "La Peste" d'Albert Camus
  • "La Condition Humaine" d'André Malraux

  • "La débâcle" d'Emile Zola.

     

    Les "Rougon-Macquart" de Zola :

    Hello, c'est moi, Calloway, qui a choisi de vous parler de Zola. En effet, je suis un grand fan : tellement sexy avec sa barbe ! Plus sérieusement, c'est vrai qu'il est bien placé dans la liste de mes écrivains préférés. Tout a commencé le jour où, sur le conseil d'une amie (non, Mel, je ne te dénoncerai pas !), je me suis lancé à l'assaut de "La Fortune des Rougons", premier tome de la série des Rougon-Macquart. Manque de pot : ça m'a plu. Aussi, j'ai décidé de lire, dans l'ordre, toute la série y'a du boulot. Aujourd'hui, j'en suis au treizième tome, alors, flash-back sur les premiers :

    "La Fortune des Rougons" : très bonne surprise. Pour résumer, le livre raconte la prise de contrôle de la ville de Plassans par les Rougons, tout en suivant les trépidantes aventures de Silvière et Miette. Je me souvenais d'un Zola au style très lourd, avec des descriptions à n'en plus finir, souvenir de mes années collèges. Eh bien non : certes, il y a de nombreuses descriptions, mais elles s'inscrivent toutes très naturellement dans l'ensemble, et aucune n'est véritablement trop lourde. Bien au contraire, on parvient parfaitement à visualiser les espaces, comme par exemple, l'impasse Sainte-Mitre. Il y a beaucoup d'action, contrairement à ce que l'on pense généralement de Zola. Les bases sont (bien) posées : la saga peut commencer

    "La Curée" : une plongée dans les mondes de la finance et de l'immobilier au XIXème siècle. Les différents "acteurs" sont soit requins, soit fils à papa à souhait. Et la belle Renée qui se lasse... Paris subit de profondes mutations immobilières, et Zola dénonce ceux qui firent alors fortune en exploitant ou en escroquant autrui, tous les nouveaux riches qui sombrent dans la décadence.

    "Le Ventre de Paris" : la découverte des Halles, véritable estomac de l'Ile-de-France de l'époque. On y suit Florent, évadé de Guyane, qui revient à Paris après plusieurs années d'emprisonnement. Ces idées révolutionnaires vont l'amener, alors qu'il n'a fait de mal à personne, à être renvoyer au bagne, à cause des honnêtes gens, qui, habituellement occupés à se crêper le chignon, vont s'unir pour anéantir ce qu'ils perçoivent comme un danger. Ce livre à des répercussions actuelles, alors que certains veulent faire avancer les choses et proposent leurs idées, les autres ont peur du changement, et cherchent à se débarrasser de l'intrus, préférant se vautrer dans leur vie crasse. Zola était un fin observateur de la société, et si l'on peut le voir un peu comme un "rebelle", c'est parce qu'il posait le doigt là où ça faisait mal, ce qui lui a valu d'être considéré comme dangereux (cf. sa biographie : exil en Angleterre). C'est cela qui le fait écrire comme dernière phrase de ce livre :"Quels gredins que ces honnêtes gens !".

    "La Conquête de Plassans" : l'histoire de la conquête de la ville par un prêtre, et, à travers lui, de sa reconquête par les Rougons. Flaubert qualifiait ce bouquin de "très fort" : c'est tout à fait le mot qui convient. Des phrases courtes, peu de descriptions (ou plutôt moins que d'habitude), et énormément d'action. Zola y dénonce l'hypocrisie de l'Eglise, qui, sous ses allures puritaines, cherche par tous les moyens à prendre le pouvoir, s'aliénant même à l'Etat, ainsi que les bourgeois et politiques de l'époque, hommes sans conviction, si ce n'est l'opportunisme. La fin est tout bonnement hallucinante, si l'on en juge par rapport aux épisodes précédents.

    "La Faute de l'Abbé Mouret" : alors là, changement radical de style. On y retrouve un Zola fidèle à sa réputation : énormément de descriptions (toutes plus précises les unes que les autres), des phrases très longues, ponctuées de métaphores, très peu d'action, en tout cas pour la seconde partie. Mais ne vous y trompez pas, il reste très intéressant. C'est l'histoire de l'abbé Serge Mouret, qui ne vivait que dans la religion, comparée ici à une terre aride. A la suite d'une maladie, héritée de sa mère (l'héritage génétique est très important chez Zola), il va perdre la mémoire, et, aidé par Albine, ouvrir les yeux sur la vraie vie, symbolisée par les terrains très fertiles du Paradou. Même s'il est vrai que les descriptions jouent un rôle à la fois important et intéressant (la tension monte jusqu'à l'acte fatal), cet épisode est particulièrement recommandé à ceux qui aiment les histoire d'amour romantique, mais surtout à ceux qui aiment les fleurs.

    "Son Excellence Eugene Rougon" : cet épisode raconte la carrière politique en dent de scie d'Eugène Rougon, le fils de Pierre (personnage des 1er et 4ème épisodes). Celui-ci se trouve être un personnage opportuniste, aimant le pouvoir pour lui-même, et donc brillant homme politique. Curieusement, ce fut celui qui connût le moins de succès, juste après "La Conquête de Plassans". Pourtant, ce livre est passionnant. On y découvre une époque où la bourgeoisie ne cherchait que l'intrigue politique, et dont les moeurs, malgré les apparences qu'elle se donne, était particulièrement décadente (on pense alors à Clorinte qui, sous le nez de son mari, se promène attachée au bout d'un collier et d'une laisse pour montrer à tous qu'elle a réussi à atteindre son but, c'est-à-dire coucher avec l'empereur). On assiste ainsi aux divers aléas de la vie de Rougon, et comment, après avoir été soutenu par eux, il fut peu à peu dévoré par ses "amis", provoquant une chute. On voit donc que nos habitudes politiques ne datent pas d'hier. Ce tome est peut-être celui qui montre le mieux (en tout cas pour l'instant) le style "cinématographique" de Zola, avec, par exemple, la scène où Rougon descend les Champs-Elysées sous la pluie.

    "L'Assommoir" : ce septième tome des "Rougon-Macquart" nous raconte l'histoire de Gervaise Macquart, blanchisseuse de son état, soeur de Lisa ("Le Ventre de Paris") et fille d'Antoine ("La Fortune des Rougon" et "La Conquête de Plassans"), qui connaîtra des périodes de vaches grasses comme des périodes de vaches maigres. On s'intéresse donc ici à la branche "bâtarde". Cet épisode est certainement le plus connu de la série. Une fois de plus, la mentalité des gens de l'époque en prend pour son grade : l'hypocrisie chez les Lorilleux, l'opportunisme chez les Boches,... Zola n'épargne aucune classe sociale. Deux caractéristiques frappent avant tout. La première est l'emploi massif du patois ouvrier. La quantité de mots ainsi employés est vraiment impressionnante, et on s'amuse de voir que certaine expression existe encore aujourd'hui. La volonté de réalisme de Zola l'a poussé à effectuer une recherche extrêmement poussée sur le sujet. La seconde caractéristique est l'usage de l'indirect libre, qui donne une forme particulière au roman. Cela permet de se mettre dans la peau des personnages, de vivre leurs pensées. Cela donne par exemple : "Il se fit escroquer. Ah ça ! Ces cochons-là ne l'y reprendraient plus, c'était bien fini les âneries de jeunesse. Qu'ils aillent au diable !". Ce livre montre encore une fois de plus le style très "cinématographique" de Zola, dû peut-être à sa passion pour la photographie (voir le texte "Zola photographe"), art précurseur du cinéma. Le meilleur exemple est la longue errance de Gervaise à la fin du roman. Bref, c'est une nouvelle preuve du talent de Zola.

    "Une page d'amour" : ce roman relate l'histoire d'Hélène, la fille d'Ursule Macquart, elle-même soeur de Pierre Rougon et Antoine Macquart. Elle est donc une petite fille d'Adelaïde Fouquet, la tante Dide, à l'origine de toute la famille Rougon-Macquart. Vivant seule avec sa fille Jeanne, qui lui voue un amour tyrannique, elle tombera follement amoureuse du docteur Deberle, homme marié et père de famille. Cet amour sera interprété par sa fille comme une véritable trahison. Hélène sera donc déchirée entre sa passion pour sa fille et celle pour son amant.
    Ce huitième épisode de la saga n'était pas prévu dans le shéma original de la série. Zola a d'abord voulu répondre à ses détracteurs de l'époque, qui l'accusaient de ne pas écrire des romans, mais de produire des dossiers. Il a donc montré qu'il savait analyser la psychologie de ses personnages, en étudiant la passion sous toutes ses formes. Il s'agit donc d'un roman de la passion.
    Un autre fait remarquable dans ce livre, c'est que parmi le peu de protagonistes que l'on rencontre, la ville de Paris joue un rôle important. En effet, chaque partie de l'oeuvre se termine par une description de la ville à l'image des sentiments des personnages. Ainsi, par exemple, Paris est ensoleillée dans les moments de joie, et sombre dans la tristesse. Il est clair que ce roman, où l'on trouve peu d'actions, est à l'opposé du précédent - et particulièrement agité - épisode, "L'Assommoir". Il en va d'ailleurs de même pour leur renommée respective.

    "Nana" : ce neuvième épisode des "Rougon-Macquart" représente la tempête après le calme d'"Une Page d'Amour". Il sagit de l'histoire d'Anna Coupeau, dite Nana, la fille de Gervaise, l'héroïne de "L'Assomoir". Zola y dénonce le milieu des "demi-mondaines", ces femmes qui, bien que ne provenant pas du grand monde, font comme si elles lui appartenaient, devenant pour cela les maîtresses de personnalités, et qui prennent de plus en plus de place, voire même de pouvoir, à l'époque, ainsi que la perversion de la société sous le Second Empire. Ce tome constitue certainement l'une des attaques les plus virulentes de Zola. Il montre à quel point ces "prostituées" provoquent la décadence des classes dirigeantes. D'ailleurs, Nana est ici vue comme la revanche du monde ouvrier sur la bourgeoisie. Elle est comparée, par le journaliste Fauchery, à une "mouche dorée" : après avoir traîner dans l"excrément, elle prend son envol, et vient pourrir les hautes sphères, jusqu'au Grand Chambellan du Second Empire. Elle fait preuve d'un appétit redoutable, dévorant les hommes et leurs fortunes, les uns après les autres.
    Pour Zola, Nana est le symbole du Second Empire : son succès commence d'ailleurs avec lui, et sa mort survient lors de la déclaration de guerre à la Prusse en 1870, guerre qui provoquera la fin du Second Empire.
    Par ailleurs, avis aux cochons : ce livre très « charnelle » amuse aussi par la description de jeux sexuels ; on y découvre même l'apparition de l'homosexualité féminine. J'ai donc beaucoup apprécié.

    "Pot-Bouille" : ce dixième épisode des "Rougon-Macquart" marque donc le milieu de la saga (qui, elle, ne dure pas qu'un été). Après avoir montrer le monde ouvrier, Zola dénonce la bourgeoisie. Alors que dans le premier, tout se voit, tout est direct, dans le second tout est caché, l'hypocrisie est la grande maîtresse. L'écrivain nous fait ainsi explorer un hôtel bourgeois, et prouve, étage par étage, à quel point le vice y est ancré. Il nous fait découvrir la "popote", le "pot-bouille" des bourgeois.
    Ce livre nous fait retrouver Octave Mouret, également héros d'"Au Bonheur des Dames", le frère de Serge, héros du cinquième tome, déjà entrevu alors qu'il n'était encore qu'un enfant dans "La Conquête de Plassans". Pourtant, Octave n'apparaît pas comme le personnage principal de l'oeuvre. Il est plutôt l'intermédiaire par lequel le lecteur constate ce qui se passe dans cet hôtel. C'est parce qu'il ne met pas véritablement en scène un héros que ce livre est différent des précédents, et qu'il semble même avoir du mal à trouver sa place dans la série. On peut même aller jusqu'à n'y voir qu'une introduction au " Bonheur des Dames ". D'ailleurs, ce tome ne figurait pas sur la liste originale des « Rougon-Macquart », et beaucoup le voit, à l'instar d'"Une Page d'Amour", comme la réponse de Zola à ses détracteurs, particulièrement féroces à cette époque, et surtout eux-mêmes bourgeois.
    Cela dit, le ton y est toujours acide, joyeusement féroce , car l'humour y est très présent et l'auteur nous présente une galerie de personnages plutôt pittoresques, dont je retiendrais notamment Mme Josserand. Bref, une oeuvre très agréable à lire.

    "Au Bonheur des Dames" : onzième tome de la série, où Zola s'intéresse au monde du commerce, et en particulier du nouveau commerce. Ici, Octave Mouret, propriétaire du magasin «Au Bonheur des Dames», partage la vedette avec Denise, une de ses nouvelles employées. Mouret est vu comme un visionnaire, un précurseur de la grande distribution. Il en devient même troublant de constater à que point le fonctionnement d'un tel magasin - d'une telle machine - tel que Zola nous le montre dans une longue description, ressemble à celui d'une grande surface actuelle.
    D'ailleurs, tout long de l'oeuvre, Zola ne cesse de comparer ce magasin à une machine, ce qui peut paraître paradoxal au vu de son nom. En effet, le magasin n'arrête pas d'avaler des marchandises et des clientes, d'écraser ses ennemis, de recracher des employés, de s'agrandir en permanence. Ceci explique la crainte qu'il inspire - ainsi que tous ceux qui lui ressemblent - à l'ancien commerce, qui, lui, semblent composé de petites boutiques sales, obscures et perdues.
    En outre, lorsqu'on essaie d'imaginer Octave Mouret contemplant son oeuvre, on visualise en même temps Eugène Rougon. Les deux semblent avoir la même force de caractère, et Zola nous indique quelque part qu'ils sont physiquement très semblables. Certains lecteurs de l'écrivain - à moins que ce ne soit Zola lui-même - considèrent d'ailleurs qu'Eugène Rougon représente l'homme politique qu'aurait été Zola s'il n'y avait pas eu l'écriture, tandis qu'Octave Mouret représente le Zola commerçant, chef d'entreprise. En définitive, tout cela s'avère être passionnant, et l'on peut dire que ce roman mérite largement le succès et l'estime qu'on lui accorde.

    "La Joie de Vivre" : nous retrouvons ici Pauline Quenu, la fille de Léon et Lisa Quenu, qui tenaient une boucherie face aux Halles, dans "Le Ventre de Paris". Ses parents étant tous deux décédés, Pauline va vivre dans un petit village au bord de la mer, Bonneville, en Normandie, chez une tante, Mme Chanteau. Ce douzième volume est certainement l'un des plus "psychologiques" de la série. En cela, il rejoint "Une Page d'Amour" : tous deux étudient la psychologie d'un personnage en particulier, ici Pauline, là, Jeanne, la fille d'Hélène. Un autre point commun aux deux oeuvres est le fait que Zola ait donné un véritable rôle central à un élément extérieur : la mer dans "La Joie de Vivre", et Paris dans "Une Page d'Amour".
    Dans ce roman, la joie de vivre consiste surtout en la mort, la tristesse, l'ennui, le dégoût même de la vie. Ceci est représenté par Lazare et sa peur de la mort, M. Chanteau déformé par ses crises de goutte, le village mangé peu à peu par la mer, les jours qui s'écoulent et se ressemblent, ... A tel point que chaque fois que la vie se manifeste - la puberté de Pauline, l'accouchement de Louise - cela donne lieu à des scènes d'horreur. Mais cette domination de la tristesse et de la mort s'explique par le fait qu'à l'époque, Zola, après avoir perdu certains de ses amis, assiste au décès de sa mère. Ayant perdu son père à l'âge de sept ans (voir sa biographie), cette nouvelle perte l'affecte beaucoup. Ainsi, après avoir retardé l'écriture de ce livre à cause de ces événements, Zola nous délivre une oeuvre paradoxalement intéressante, puisque l'ennui y est passionnant.

    "Germinal" : qui ne connaît pas ce chef-d'œuvre ? Tant de monde l'a déjà lu, que l'on ne sait plus quoi en dire, si ce n'est qu'il mérite tout à fait sa réputation. Il nous montre également une fois encore qu'en plus de l'aspect romanesque, les livres de Zola- et particulièrement les Rougon-Macquart - sont également de passionnants documents historiques. Ils nous permettent de découvrir précisément la vie au XIXème siècle - et ici en particulier celle des corons, à travers l'histoire d'Etienne Macquart, fils de la Gervaise de "L'Assomoir ". On pourrait même s'amuser à dire que celui-ci est le lien entre deux des principaux chefs-d'œuvres de Zola. Bref, ce treizième épisode est à classer dans la catégorie des immanquables.

    Oups ! On n'est plus vraiment à la suite là ! Ne vous inquiétez pas, je vais combler le trou au fur et à mesure.

    "La Terre" : ici, Zola s'attaque au monde paysan, bestial, cupide et enchaîné à la terre. Une première curiosité est que le membre de la famille Rougon-Macquart, à savoir Jean Macquart, ne semble pas ici être le personnage principal, mais plutôt un observateur en retrait, qui nous offre ses yeux pour découvrir la vie paysanne. Il sera d'ailleurs toujours mis un peu à part par les différents protagonistes du livre, n'étant pas lui-même paysan d'origine, mais menuisier et ancien militaire (nous le retrouverons dans ce rôle avec "La Débâcle").
    L'écrivain continue donc l'explorer les différents milieux de son siècle, après le commerce, la bourgeoisie, la politique, les mines, etc… Le monde paysan en prend ici pour son grade, décrit comme un milieu avare et borné, juste intéressé par la possesion de la terre, souvent assimilée à la possesion d'une femme. Zola insiste beaucoup sur cette métaphore à connotation sexuelle : pour ces paysans, la seule fécondation qui les intéresse est celle de la terre, encore et toujours.
    Une scène qui, à mon sens, résume bien tout ce que l'auteur a voulu nous dire sur le monde paysan, est celle de l'accouchement de Lise, en même temps que la vache qu'elle vient d'acquérir : toute l'assistance n'est captivée que par l'animal, Lise y compris : le veau a plus de valeur que l'enfant.

    "Le Rêve" : décidément, Zola aime aller là où on ne l'attend pas. Tout en étant fidèle à son esprit "naturaliste", il nous livre ici ce qui ressemble très fortement à… un conte : "Il était une fois une gentille princesse…". C'est l'histoire d'Angélique, fille de Sidonie, la sœur de Saccard (que l'on rencontre tous deux dans "La Curée"), qui est recueillie par les Hubert, un couple d'honnêtes artisans. Heureuse dans sa nouvelle vie, rêveuse et travailleuse, elle n'attend que la venue de son prince charmant. Jusqu'au jour où celui-ci arrive…
    Dans la famille Zola, on prétend que ce roman fantaisiste a été écrit à l'origine pour sa filleule, Georgette Charpentier. Ceci expliquant cela… Mise à part l'issue quelque peu dramatique, on peut vraiment avoir l'impression de lire un conte pour enfant, avec jeunes filles en détresse, princes charmants et miracles à la clef.
    Cependant, au niveau de l'analyse des comportements des personnages, on lit effectivement du Zola. Les grands principes du naturalisme sont toujours scrupuleusement respectés : influence du milieu, descriptions très précises, etc… Un livre surprenant.

    "La Bête Humaine" : dix-septième tome des Rougon-Macquart, ultraconnu à l'image de "Germinal", ou "L'Assomoir", ce livre peut se résumer en deux mots : la fureur. Fureur meurtrière de Jacques, fureur mécanique de la Lison fonçant à toute allure sur les rails, fureur jalouse de Roubaud,… Zola met ici en place un univers particulièrement sombre, où les passions humaines atteignent des sommet de violence. D'ailleurs, pour s'en rendre compte, il suffit de lire la scène finale, particulièrement effrayante. Vraiment impressionnant !

    Alors, qu'en pensez-vous ? Si vous avez lu Zola, n'hésitez pas à envoyer par e-mail votre avis, que ce soit sur l'un des bouquins, ou sur nos commentaires. Le style si particulier de Zola est peut-être dû à sa passion pour la photographie, art précurseur du cinéma (voir à ce sujet "Zola photographe" ).

    Voilà où j'en suis actuellement ; vous aurez d'autres commentaires au fur et à mesure que j'avancerai dans cette gigantesque oeuvre. Je recommande absolument tous ces bouquins, surtout si la quantité ne vous fait pas peur. En outre, si vous avez des informations sur les adaptations cinématographiques ou théâtrales des livres de Zola, n'hésitez pas à nous envoyer vos textes.


    Zola photographe

    " A mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose si vous n'en avez pas pris une photographie, révélant un tas de détails qui, autrement, ne pourraient pas être discernés ". A la fin du XIXème siècle, Emile Zola est véritablement fasciné par les possibilités immenses, nouvelles, quasiment scientifique, qu'offre cet art neuf : la photographie. En tant que modèle, il a, à maintes reprises, fréquenté Nadar et d'autres photographes (Carjat, Pierre Petit), qui l'ont incité à explorer ce nouveau moyen d'expression. Alors qu'il vient d'achever la grande "histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire : les Rougon-Macquart", Zola se lance donc, à partir de 1894, dans la photographie.

    Avec passion et détermination - "Pas de journée sans une image" -, il réalise 7000 clichés jusqu'à sa mort en 1902, c'est-à-dire huit ans avant que les premières photographies illustrent la presse française. Il développe et réalise lui-même les tirages, utilise huit appareils de format différents, expérimente divers papiers, et innove en mettant au point un déclencheur pour réaliser des autoportraits ou des prises de vue à distance. Une étude approfondie de ses clichés montre non seulement l'excellente maîtrise de Zola pour une technique encore très récente et perfectible, mais révèle aussi et surtout un véritable point de vue. On y découvre un regard curieux et avide de tout. Alexandrine, sa femme, Jeanne, la mère de ses deux enfants, ses séjours à Médan et Verneuil, les escapades à vélo, les amis, Zola multiplie les portraits intimes, se mettant lui-même très souvent en scène. Il réalise des natures mortes et braque également son objectif sur la ville à Paris puis à Londres, durant son exil suite à sa condamnation pour diffamation envers l'armée pendant l'affaire Dreyfus (Voir sa biographie). Enfin, et c'est un témoignage unique et passionnant, il effectue un véritable reportage sur l'exposition Universelle de 1900, des centaines de clichés célébrant l'avènement d'un siècle nouveau.


    "Demain dès l'aube" de Victor Hugo

    Cette fois, j'ai envie de vous parler d'un poème de Victor Hugo, qui, comme vous l'avez deviné, s'intitule "Demain dès l'aube". Pour mémoire, ce poème ce trouve dans le recueil des "Contemplations", et fut écrit en hommage par lui en hommage à Léopoldine, sa fille, décédée prématurément (voir dans sa biographie). Si je vous en parle, c'est bien sûr pour une raison particulière. Mais avant de vous la dévoiler, j'aimerais faire une entorse à la règle, et vous remettre en mémoire ce poème :

    Demain, dès l'aube,
    A l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au-dehors,
    Sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos couché, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Demain, dès l'aube,
    A l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur,
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

    Demain, dès l'aube,
    A l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Si je vous parle de cela, c'est parce que j'en ai découvert une version absolument magnifique. En effet, ce poème a été mis en musique par Pierre Perret ! Oui, oui, vous avez bien lu ! Vous connaissez tous au moins une de ses chansons : Lili, le Zizi, La Cage aux Oiseaux, Ayant été frappé par le même malheur que Victor Hugo, vous pourrez trouver sa version dans son album, "La bête est revenue". Un bon conseil : jetez-y une oreille !


    "L'abbesse de Castro" de Stendhal

    C'est du Stendhal sans être du Stendhal : voilà comment l'on pourrait qualifier ce livre.
    Non pas qu'il soit interdit à un écrivain de se comporter "en caméléon", en variant les styles et les histoires, car, bien au contraire, c'est peut-être même là qu'il peut devenir le plus intéréressant. Non pas qu'il doive garder en permanence la même écriture : cela relève plus du choix personnel que de l'obligation.
    Aussi, ce n'est pas dans cette optique qu'il faut analyser ce livre. Cependant, on a du mal à croire que l'auteur est - ou plutôt sera - celui du fameux "Le Rouge et le Noir". Stendhal nous fait ici découvrir de vieux manuscrits italiens datant de la Renaissance, et relatant des histoires d'amour - donc de passions et de sang. Dans une première partie, il se présente comme simple traducteur (mais est-ce bien vrai ?), avant d'imiter le style des auteurs de la Renaissance dans une seconde partie pour relater ses propres récits, parfois en s'appuyant sur une base historiquement vraie.
    Sans être toutefois inintéressant, j'ai eu un certain mal à accrocher. Première difficulté : le contexte. Même en s'intéressant à l'Histoire, les mœurs se l'époque sont tellement rappellées, répétées, martelées même, que l'on a vite fait de mettre le bouquin de côté. Seconde difficulté : le style. Le style lourd et pompeux des écrivains italiens de la région de Naples sous la Renaissance n'est pas ma tasse de thé. Et tout au long de ces pages, cela semble très répétitif.
    Ce n'est pas pour autant qu'il faille le considérer comme une erreur de Stendhal, Je ne dirais pas qu'il ne faut pas l'ouvrir, d'autant plus que je ne connaîs pas assez cet auteur. Simplement, pour l'apprécier vraiment, peut-être faut-il faire partie à l'avance d'une certaine catégorie de lecteurs déjà intéressés, que ce soit par le côté historique ou littéraire de l'œuvre. Le fait est que je n'en suis pas : tant pis !


    "La Peste" d'Albert Camus

    Paru en 1947, ce livre raconte l'histoire (imaginaire) de la ville d'Oran, envahie par la peste. Une poignée d'hommes vont, à l'image du docteur Rieux, lutter contre elle et aider leurs concityens.
    A travers ces personnages, Camus parvient à nous transmettre certaines de ses idées philosophiques, notamment sur l'absurdité de la vie et des comportements humains. Un rapprochement peut d'ailleurs être fait avec le danger que représentait les nazis, bien connus de Camus puisqu'il était résistant (voir sa biographie). Très intéressant, très bien écrit (normal, prix Nobel en 1957…), je vous recommande vivement ce livre, peut-être l'un des plus abordables de Camus, l'un des plus grands écrivains du XXème siècle.


    "La Condition Humaine" d'André Malraux

    Récompensé par un prix Goncourt, ce livre situe son action en Chine, pendant l'année 1927, à l'époque des luttes révolutionnaires, de l'invasion japonaise et de dictateur Chang-Kaï-Shek. Nous siuvons ici quelques militants communistes, se battant pour libérer leur pays.
    Ce livre pourrait s'intituler " La Misérable Condition Humaine ", tant les protagonistes se posent des questions dont les réponses dévalorisent la personne humaine. Mais ce n'est pas du tout une œuvre pour dépressifs : certes, il y a un côté fortement intellectuel, voire philosophique, caractéristique de l'écriture d'André Malraux, mais cela nous amène à réfléchir à notre tour, et à constater que tout n'est pas que noirceur. En outre, l'interaction avec l'Histoire le rend d'autant plus captivant, Malraux étant, en plus d'un grand écrivain, un grand personnage historique.


    Haut de page

    Index
    Page d'acceuil
    Page suivante