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Les débuts comiques (1606-1636) Pierre Corneille est né à Rouen en 1606. Après une enfance bourgeoise et studieuse à Rouen (élève des Jésuites, il lit entre autres Sénèque et les Stoïciens latins), il fait des études de droit et devient avocat. Il vit alors quelques années plus frivoles dont la trace se devine dans ses premières comédies, notamment dans Mélite (1629) où il transpose une aventure sentimentale et romanesque qu'il eut dans la jeunesse " dorée " de Rouen. Jusqu'en 1636, et malgré une tentative tragique manquée (Médée, 1635), ce sera donc surtout dans le genre comique qu'il s'illustrera : il apporte à ce genre, assez grossier jusqu'à lui, une grande tenue littéraire. Le goût baroque et la fantaisie de la tragi-comédie marquent sans doute encore certaines de ses productions de cette époque, mais le dialogue de bon ton et le comique discret tiré de la peinture d'une bourgeoisie assez sympathique, un réalisme exempt de grossièreté et dû notamment à la vérité du cadre contemporain, l'émotion et la tendresse de certains personnages alternant avec l'orgueil et l'ivresse de la liberté chez d'autres, confèrent à ses premières pièces une originalité certaine. Déjà chez le héros de La Place royale apparaît une conception de la " gloire " fondée sur la liberté, qui annonce l'idéal cornélien des années suivantes. La vocation tragique (1636-1643) Cet idéal s'exprime pleinement dans le premier grand chef-d'oeuvre de Corneille, Le Cid (1636), inspiré d'une pièce de Guilhem de Castro, Les Enfants du Cid, publiée à Valence en 1631, et qui reprenait elle-même d'anciennes légendes venues de la poésie épico-lyrique espagnole du Moyen Age. Le succès éclatant du Cid (malgré une " querelle " suscitée par ses rivaux et à laquelle se mêlèrent Scudéry, Balzac, Richelieu et l'Académie) fut déterminant pour la vocation tragique de Corneille et l'amena, après un court silence, à produire coup su coup ses trois autres chefs-d'oeuvre : Horace, 1640 ; Cinna, 1642 ; Polyeucte, 1643, tous dominés par le même type de héros, avant tout soucieux de " gloire " : la gloire (notion qui n'a que peu de rapport avec la célébrité, mais en a davantage avec la générosité), est cette estime que le personnage cornélien entend garder à son propre égard parce qu'il se décide toujours par raison, volonté, liberté, dans une joyeuse exaltation. Mais la gloire n'est pas vraiment une notion morale puisqu'elle peut avoir les contenus les plus variés : par exemple le sens de la lignée et les exigences même de l'amour (Le Cid), la conviction patriotique (Horace), la dignité du pouvoir (Cinna), l'élan religieux (Polyeucte) peuvent en être tour à tour les divers fondements. Néanmoins, le triomphe de la gloire n'est pas toujours assuré sans déchirements de la volonté et des valeurs plus humaines (tendresse menacée, souffrance du choix, passion brisée, amour conjugal) entrent souvent en conflit avec l'idéal de la gloire, quelles tempèrent par là même, ajoutant en même temps une certaine chaleur lyrique. La recherche d'un renouvellement (1643-1651) Après Polyeucte (1643), le fécond génie de Corneille est en quête de renouvellement. Il revient à la verve allègre de ses premières pièces avec sa comédie du Menteur, et surtout complique comme à plaisir son système théâtral par des intrigues habiles, mais invraisemblables, et une conception paradoxale de la gloire qui en arrive à trouver son fondement dans la vengeance et dans le crime. Avec Rodogune (1644), sans doute celle de ses tragédies qu'il préférait, il met en scène une reine orientale dont le souci de gloire se traduit par une absence totale de scrupules quand il sagit de garder son trône. Il revient ensuite à l'Espagne médiévale et chevaleresque : elle lui fournit le cadre d'une comédie héroïque, Don Sanche dAragon, qui est en fait un drame romantique avant la lettre. Enfin, dans Nicomède (1651), Corneille retrouve le ton de grandeur et d'héroïsme de ses chefs-d'oeuvre, avec peut-être en outre, chez le principal personnage, une nuance d'ironie et d'insolence qui donne un nouveau relief à la peinture de la " générosité ". L'éclipse (1652-1660) Mais avec Pertharite (1652), il pousse si bien à l'extrême son idéal de l'invraisemblance que le public est déconcerté. L'échec de cette tragédie amène une éclipse de Corneille, pendant laquelle il s'occupe de lyrisme religieux et cherche à définir son système dramatique en trois Discours (1660), respectivement destinés à figurer en tête de chacun des trois volumes de l'édition complète qu'il préparait de ses oeuvres théâtrales. Il présente comme principes essentiels de son art l'invraisemblance des intrigues (pourvu que la nature historique du sujet en garantisse l'authenticité), la puissance, la force et la liberté héroïque de grands caractères que l'on doit admirer plutôt que plaindre, la possibilité de prendre quelque licence avec la réalité matérielle des faits du passé, enfin la soumission aux règles pourvu que celles-ci soient comprises d'une manière assez souple. Le déclin et la retraite (1660-1684) Deux circonstances contribuent à ramener Corneille au théâtre. D'une part une passion tardive qu'il éprouve en 1658 pour l'actrice Marquise du Parc, dont il fait connaissance lors d'un passage à Rouen de Molière et de sa troupe. D'autre part des encouragements qui lui viennent de Nicolas Fouquet, surintendant des finances, lequel lui octroie une pension. Corneille donne alors sa tragédie d'Oedipe (1659), mais malgré onze tragédies nouvelles et de très réelles beautés dans ces dernières pièces, c'est, de 1659 à 1674, le déclin de son génie. Son goût pour les problèmes politiques s'exprime en de passionnantes discussions d'idées, mais cède aussi parfois à la tentation de l'outrance ; l'idéal de gloire prend un caractère un peu gratuit qui étonne. Il se dégage pourtant un charme prenant de la tendresse qui triomphe dans sa dernière tragédie, Suréna (1674). Corneille, qui avait quitté Rouen pour Paris en 1662, se confine alors dans une retraite définitive consacrée à sa famille (il avait six enfants) et à la piété. Il meurt en 1684, non sans avoir vu la faveur publique, qui s'était momentanément détournée de lui au profit de Racine, lui revenir avec une unanimité qui put lui laisser présager ce que serait sa gloire posthume : une des plus incontestée de la littérature française.
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