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Le dessein premier Le Bourguignon Georges-Louis Leclerc, né en 1707 d'une famille de robe, intendant du Jardin du Roi (actuel Jardin des Plantes) en 1739, créé comte de Buffon par Louis XV en 1772, a consacré à peu près toute sa vie (il mourut en 1788) à la science, sans pour autant négliger la gestion de son domaine de Montbard où il résidait huit mois sur douze (Voltaire pense à lui en faisant le portrait du philosophe). Il a laissé une vaste Histoire naturelle, en 36 volumes, publiée de 1749 à 1789, qui devait donner de l'univers une image nouvelle. Au moment où il conçoit le dessein premier de cette oeuvre, Buffon est déjà acquis à la méthode expérimentale, mais il reste attaché aux principes de l'esthétique classique et est partisan de certaines idées traditionnelles. Il croit par exemple à la fixité des espèces animales, car, pour lui, la création est encore aujourdhui telle quelle sortit des mains du Créateur et par conséquent les espèces se sont toujours reproduites de manière immuable. Il est partisan de l'anthropocentrisme, cest-à-dire que pour lui l'homme occupe dans la nature une place privilégiée, totalement distincte de celle des animaux. Enfin, il admet encore des causes finales, c'est-à-dire une création où tout a un but et où ce but est l'homme. L'élargissement de la pensée scientifique Mais certains faits jettent le trouble dans son esprit et il en arrive à se persuader que beaucoup d'espèces se sont dénaturées ou ont été détruites au cours des siècles. Sa pensée s'élargit, notamment dans le cinquième volume des Suppléments à l'Histoire naturelle, publié en 1778 et intitulé Les Epoques de la Nature. Buffon s'y ouvre, avec prudence, à une sorte de transformisme, annonçant les hypothèses modernes. Enfin, abandonnant l'anthropocentrisme, il cesse de voir dans l'homme le roi absolu et incontesté de l'univers : cest par l'effort, par la réflexion et par la soumission aux lois mêmes de la nature que l'homme a dompté celle-ci.
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