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Les premières épreuves (1797-1824) Le comte Alfred de Vigny, né en 1797, appartient à une vieille famille de soldats et de marins. Il ne tarde pas à connaître ses premières épreuves dans les déceptions que lui vaut son amour du métier militaire et dans le sentiment qu'il éprouve du déclassement de l'aristocratie dans le monde moderne. Officier à partir de 1814, la paix le condamne à une vie de garnison et il démissionne en 1824. Entre temps il avait publié ses premiers Poèmes (1822), où il transpose peut-être ses expériences de chef et de solitaire. La jeunesse romantique (1824-1830) De 1824 à 1830, Vigny, qui veut conquérir la gloire de la plume à défaut de celle de l'épée, fréquente les jeunes romantiques et fait partie des habitués du Cénacle de Hugo. Dans son premier roman, Cinq-Mars (1826), il évoque les luttes d'une aristocratie que brimait la monarchie absolue sous l'Ancien Régime. Dans ses Poèmes antiques et modernes (plusieurs fois réédités et argumentés, la première édition étant de 1826, l'édition définitive de 1837), une inspiration plastique et classique se double d'une inspiration plus moderne, née des spectacles du monde contemporain. Le désenchantement (1830-1837) La révolution de 1830 déçoit Vigny en mettant sur le trône un roi bourgeois ; il reste attaché à la monarchie légitime. Il se détourne alors de la poésie pour écrire une suite de romans du désenchantement consacrés aux " parias " de la société moderne, c'est-à-dire en fait à l'élite de ceux qui restent fidèles à un idéal, même si celui-ci est rendu démodé par l'évolution de l'histoire. Déjà dans Cinq-Mars, il avait traduit la grandeur d'une noblesse vaincue, mais dont rien ne pouvait briser les traditions ; dans Stello (1832), il analyse la détresse du poète, dont la place est difficile dans la cité car aucun régime politique n'a vraiment besoin de lui. Le poète doit donc garder la plus extrême réserve devant les désirs qui peuvent lui prendre d'entrer dans la vie publique. Cela ne veut pas dire qu'il n'ait pas sa mission et son utilité, mais celles-ci sont à échéance : au-delà du présent, il détermine les vérités fondamentales qui doivent animer une société. Vigny développe surtout cette dernière thèse dans son drame, Chatterton (1835), où il reproche à la société d'obliger les poètes, dont elle aurait pourtant un si grand besoin, à des fonctions bassement utilitaires. Le troisième roman de Vigny, Servitude et grandeur militaires (1835), est consacré à décrire la détresse du soldat : il montre comment, dans un monde où la guerre devient de plus en plus anachronique, le soldat, qui ne peut guère croire à ce qu'il fait, mais qui doit pourtant rester fidèle à sa vocation, n'a plus d'autre honneur que l'obéissance passive et le renoncement à lui-même. Pour appuyer sa thèse, Vigny rapporte directement des souvenirs : il évoque en particulier ses déceptions dans la carrière militaire, déceptions qui le firent passer de l'épée à la plume. Enfin, Vigny était angoissé, comme beaucoup de romantiques, devant ce qu'il croyait être la mort des religions. Dans un étrange récit qui ne fut publié qu'en 1912 sous le titre de Daphné , il sympathise avec l'effort de ceux qui, comme l'empereur romain Julien l'Apostat, veulent à tout prix maintenir et restaurer les religions mourantes, alors qu'il vaut peut-être mieux accepter un inévitable renouvellement des cultes pour préserver le trésor éternel des valeurs morales. L'élaboration d'une sagesse (1837-1863) En 1837-1838, Vigny connaît de cruelles épreuves : il perd sa mère, rompt avec l'actrice Marie Dorval qu'il aimait depuis six ans et renonce définitivement à toute foi religieuse. Il commence des retraites de plus en plus fréquentes dans son manoir du Maine-Giraud en Charente. Cette grande crise le ramène à la poésie, une poésie philosophique qu'il élabore à partir de symboles : ceux-ci sont d'abord pessimistes comme celui du loup blessé (La Mort du Loup , 1838), qui traduit la solitude devant la mort. Mais Vigny retrouve une certaine sérénité et s'intéresse à nouveau à la vie parisienne, politique et littéraire : des symboles relativement optimistes nourrissent des poèmes comme La Flûte (1843), et surtout La Maison du Berger (1844), son chef-d'oeuvre, où il exalte des valeurs positives et même " positivistes ", notamment un certain esprit d'Humanité fait du culte de la Raison, de la Poésie et de la Femme. Le pessimisme religieux demeure sans doute et même s'accentue, ainsi qu'en témoigne le poème des Destinées (1849), mais c'est justement comme un courageux défi contre le sort que Vigny élabore une sagesse faite d'un optimisme humaniste où l'Esprit, le Génie triomphent des vieilles fatalités et assurent les bases d'une moderne religion de l'Humanité : L'Esprit pur (1863) reflète cette ultime ferveur. Vigny (mort en 1863) n'eut pas le temps de réunir, ni même de publier tous ses poèmes philosophiques. Leur présentation en recueil fut assurée par Louis Ratisbonne, son exécuteur testamentaire, sous le titre Les Destinées (du nom du poème placé en tête), avec le sous-titre de Poèmes philosophiques. Il laissait en outre 70 carnets de pensées, de projets, de notes diverses que Louis Ratisbonne publia sous le titre Journal d'un Poète : on y trouve l'image d'un homme fier, réservé, solitaire, d'une grande élévation morale, s'intéressant à l'avenir de l'humanité.
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