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  • François Rabelais

     

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    Biographie

    Les chroniques d'un géant

    Comme Marot, Rabelais est très représentatif, par sa vie et par son oeuvre, de la jeune Renaissance. Né près de Chinon, vers 1494, dans le domaine de la Devinière, il reçoit une éducation qui le conduit, sans vocation, à l'état monastique : en 1511, il entre dans l'ordre franciscain ou cordelier et on le trouve en 1520 au couvent de Fontenay-le-Comte (Vendée), où il constitue avec quelques érudits locaux un petit cercle d'humanistes, qui lisent les textes anciens et sont en correspondance avec Guillaume Budé. Mais en 1523, la Sorbonne interdit l'étude du grec et le groupe de Fontenay-le-Comte se disperse. Rabelais passe dans l'ordre, plus savant, des bénédictins de Maillezais : il vit en fait auprès de son évêque, notamment au prieuré de Ligugé. A partir de 1527, il entame une sorte de tour des Universités de France. A Montpellier, il obtient le grade de bachelier en médecine, puis exerce cette science à l'Hôtel-Dieu de Lyon et publie des traités médicaux grecs et latins. Voulant se délasser de ses travaux sérieux, il publie en 1532, pour la Foire d'automne de Lyon, un récit intitulé Pantagruel, roi des Dipsodes : il y raconte, sous le pseudonyme d'un prétendu serviteur de Pantagruel, Maître Alcofrybas Nasier, les aventures d'une famille de géants. Déjà au mois d'août 1532, un anonyme avait fait paraître à Lyon avec succès Les Grandes et Inestimables Chroniques de Gargantua. Mais il sagissait là d'un livre puéril et sans valeur. Rabelais voulut lui donner une suite et, tout en gardant les effets faciles de comique et de grossissement dus à la taille des géants, il assura à ce comique une portée humaine et à ce grossissement une signification philosophique. D'emblée, l'oeuvre apparaissait comme très riche : tout en recueillant par bien des aspects la tradition de moyen âge, le Pantagruel se présente comme un hymne enthousiaste aux conquêtes récentes de l'humanisme. A certains moments, la parodie se fait irrévérencieuse et pose même peut-être de graves problèmes religieux.

    L'épopée burlesque et philosophique

    Pantagruel fut dès sa publication censuré par la Sorbonne (= Faculté de théologie de Paris) et, ayant fait connaissance de Jean du Bellay (parent du poète) qui partait pour l'Italie, chargé de mission par François 1er, Rabelais l'accompagna comme médecin et secrétaire (février-mars 1534). A Rome, il fit des recherches en botanique, en pharmaceutique, en archéologie et rencontra des savants. De retour, il publia, toujours à Lyon, La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, où, tout en continuant à utiliser les procédés de l'épopée burlesque, il accentuait ses attaques et invitait à découvrir le sens philosophique caché de ses facéties, suggérant qu'il y avait mis une volonté de profondeur. Certes, il affirmait plus que jamais la primauté du rire, et utilisait un comique qui tantôt mettait l'accent sur la vie physique, tantôt parodiait les ridicules des savants, tantôt procédait par une accumulation de mots ou de gestes. Mais sur le plan pédagogique, il s'opposait vigoureusement aux méthodes du moyen âge et défendait les bienfaits d'une large culture humaniste ; sur le plan politique, il recommandait une attitude humaniste et généreuse et se livrait à une vive critique de la guerre ; enfin, sur le plan moral, l'oeuvre s'achevait, avec la fondation de Thélème, par une apologie de la nature humaine, à qui il faut faire confiance, et de la joie de vivre dans le sens de la beauté.

    Les récits de voyages satiriques

    Gargantua est condamné à son tour par la Sorbonne et Rabelais mène à nouveau une vie errante, va deux fois en Italie, exerce entre temps la médecine et est un moment chanoine de Saint-Maur-des-Fossés. Il prépare malgré tout la suite de ses romans : Le Tiers Livre des faits et dicts héroïques du bon Pantagruel. Il traite des incertitudes de Panurge qui, ayant peur dêtre trompé par sa femme, se demande s'il doit ou non se marier : il sagit là d'un thème conforme à la tradition gauloise des fabliaux et le comique y est souvent d'un esprit populaire assez truculent. Mais le réalisme n'exclue pas une fantaisie parfois étrange, voire un véritable lyrisme quand l'auteur évoque par exemple les progrès dus à la science. Enfin la quête de Panurge prend par moment des dimensions philosophiques et symboliques : outre quelle permet une mordante satire de tous ceux qu'interroge Panurge, ce dernier finit par représenter l'esprit inquiet qui poursuit le bonheur, tandis que Pantagruel symbolise la joie de vivre dans la sérénité et la charité. Le Tiers Livre est condamné à son tour et Rabelais doit s'enfuir à Metz. Jean du Bellay trouve plus prudent de l'emmener de nouveau à Rome et, à son retour, il le pourvoit d'une cure à Meudon. En 1552 paraît Le Quart Livre des faits et dicts héroïques du noble Pantagruel, où Rabelais raconte les navigations de Panurge et de Pantagruel, partis pour aller consulter l'oracle de la Dive Bouteille. Bien qu'on y retrouve, notamment chez Panurge, le comique de la faiblesse humaine, ce livre fait une plus large part que les autres à une fantaisie qui débouche sur le burlesque, voire parfois sur un certain surréalisme avant la lettre. Le puissant symbole de messire Gaster devient celui de tous les appétits qui meuvent le monde. Rabelais mourut en 1553, mais en 1562-1564 parut un Cinquième et dernier Livre des faits et dicts héroïques du bon Pantagruel, dont l'authenticité est discutée : il continue le récit des navigations du livre précédent, avec un caractère satirique plus amer, notamment dans la critique de l'Eglise et de la Justice. Il mène les voyageurs jusqu'à l'oracle de la Dive bouteille, dont la réponse : "Trinch" (=Bois) est peut-être le symbole de toutes les soifs, notamment de la soif de la science, mais peut-être aussi de cette vérité intérieure que Rabelais nous invite à chercher dans le vin.

     

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