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  • Charles Nodier

     

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    Biographie

    Les débuts exaltés et frénétiques (1780-1822)

    Né à Besançon en 1780, Charles Nodier est nettement plus âgé que la plupart des écrivains de la génération romantique, mais il ne trouve sa voie qu'assez tardivement. Arrivé à l'âge adulte dans l'ambiance de la Révolution française, très marqué par l'influence du Werther de Goethe, il connaît une jeunesse exaltée, puis, s'apaisant quelque peu, se consacre à l'érudition et fait carrière comme bibliothécaire. Comme critique, il défend le goût classique, mais ce sont des romans de proscrits, des histoires de brigands, un sombre mélodrame qui constituent ses premières tentatives littéraires, et c'est un conte fantastique et " frénétique " intitulé Smarra ou les démons de la nuit qui représente sa première oeuvre originale. Ainsi, dès 1821, Nodier, en entreprenant de peindre les angoisses du cauchemar et en discernant l'importance du rêve dans la vie psychologique, se situait à la pointe d'un certain romantisme qu'il faudra attendre Nerval et Aloysius Bertrand pour voir égaler, sinon dépasser.

    Les années de détente (1822-1830)

    Pourtant les années 1822 à 1830 sont pour Nodier des années de détente : nommé bibliothécaire de l'Arsenal en 1824, il sait y attirer écrivains et artistes par son éblouissant talent de causeur ; l'Arsenal devient ainsi un des plus importants salons romantiques. Pendant toute cette période, Nodier écrit peu. Un voyage en Ecosse, où il rencontre Walter Scott, lui inspire un agréable conte, Trilby : le rêve s'y avère plus séduisant que dans Smarra, mais peut-être non moins trouble et non moins dangereux. En tout cas, c'est là un exemple typique du fantastique, nettement distinct du merveilleux, dans la mesure où le merveilleux se meut dans un univers factice et différent du nôtre, tandis que le fantastique serait plutôt l'apparition dans notre monde de phénomènes surprenants, dont la raison ne peut rendre compte. (Le classicisme admettait parfaitement le merveilleux, mais excluait le fantastique, que le romantisme réhabilitera.)

    Le consentement à un univers chimérique (1830-1844)

    L'année 1830 est particulièrement dure pour Nodier, à la fois pour des raisons privées et pour des raisons littéraires : en particulier le succès de Hugo rue Notre-Dame-des-Champs avait détourné de l'Arsenal de nombreux habitués. Nodier, malade, découragé par les progrès de l'esprit positif dans le monde moderne, se replie sur lui-même, se consacre définitivement au conte et, dans ces prenants récits que sont Le Songe d'Or, Jean-François les Bas Bleus et surtout La Fée aux Miettes (1832), il s'abandonne totalement à l'univers chimérique que ce genre lui permet de bâtir. Bien qu'à la différence de Nerval, il n'ait jamais personnellement sombré dans la démence, il s'intéresse à tous ceux qui glissent sur la pente de la folie parce qu'ils lui semblent avoir sur le monde des vues beaucoup plus larges et plus profondes que ne le permet l'étroite raison des hommes ordinaires : ce sera là un des principes de la méthode surréaliste au XXème siècle.

     

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