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Sans qu'il ait véritablement fondé l'école symboliste, Stéphane Mallarmé accepta d'en être le parrain : c'est en tout cas son oeuvre qui pousse le plus loin les recherches poétiques répondant à l'idéal de la nouvelle école. Né à Paris en 1842, professeur d'anglais qui fit ses débuts en 1863 dans le Midi, il subit diverses influences. Il doit son idéal d'une poésie aux effets savamment calculés à Edgar Poe. Baudelaire lui communique un certain nombre d'obsessions, comme celles de l'ennui, du tiraillement contradictoire entre le Spleen et l'Idéal, de la mer et des projets de départs qu'on ne réalise pas. Enfin, il emprunte aux peintres anglais dits " préraphaélites " (tels que Rossetti et Burnes-Jones dont il eut la révélation en Angleterre) une atmosphère vaporeuse et mystique, traversée de fleurs, d'instruments de musique et de figures idéales et stylisées, d'une gaucherie concertée. Pourtant il commence à mettre l'accent sur certains thèmes propres : l'artifice, dont Baudelaire avait déjà marqué les liens avec l'art moderne, lui apparaît comme un constituant indispensable de la Beauté. Celle-ci du reste n'est dans ce monde que le reflet d'un monde idéal (il l'appelle aussi l'Azur) qui hante le poète comme une obligation à laquelle il serait plus reposant de se dérober, mais vers quoi tout le ramène. Néanmoins Mallarmé ne se sent pas le souffle suffisant pour y atteindre et se rabat sur un paradis esthétique un peu mineur, la poésie écrite n'étant jamais pour lui qu'un fragment détaché, presque par hasard, de la Poésie absolue. Mallarmé, qui a traversé en province des crises intellectuelles et artistiques très pénibles, est nommé professeur à Paris en 1871. Il essaie alors de surmonter ses inquiétudes en élaborant une nouvelle esthétique, où la poésie, complètement séparée du réel et de la vie, crée son propre univers : le poète y règne, tout-puissant et solitaire, dans sa grandeur. Les objets sont intégralement abolis, ou, du moins, ne fournissent matière à la poésie qu'en se détruisant sous le regard du poète. Aussi n'est-ce que par leur absence, leur appel " en creux ", leur suggestion qu'ils interviennent dans les vers de Mallarmé. L'obscurité, la densité, la rareté, voire la stérilité sont évidemment les périls qui guettent cette poésie. Pourtant elle se révélera riche de prolongements dans l'avenir : cette façon qu'a Mallarmé de situer la création poétique entre le Néant et l'Existence sera une révélation décisive pour certains de ses disciples comme Paul Valéry. La primauté qu'il accorde aux sensations pour transformer les objets en symboles se retrouve dans l'impressionnisme pictural et musical de la même époque. Enfin, et surtout, l'élaboration qu'il fait subir au langage pour le transformer en une incantation verbale qui le différencie radicalement du langage ordinaire, imposera définitivement l'idée, déjà entrevue par Baudelaire, que la poésie a sa langue propre. Mallarmé remanie dans ce sens une sorte de monologue théâtral qu'il avait commencé à Tournon et qu'il publie à Paris en 1875, L'Après-midi d'un Faune. Il devient célèbre du jour où Huysmans, dans A Rebours, fait de la poésie mallarméenne une lecture favorite de son héros, des Esseintes. Il reçoit tous les mardis, dans son appartement de la rue de Rome, des disciples parmi lesquels André Gide et Paul Valéry. En 1886, un manifeste de Jean Moréas, publié dans Le Figaro, définit une école symboliste dont Mallarmé est reconnu, sans l'avoir souhaité, comme le maître. Un peu en dehors de la mêlée littéraire, il élabore lentement des poèmes peu nombreux, mais qu'il veut parfaits. Il prend sa retraite en 1894 et meurt en 1898 dans sa propriété de Valvins, près de Fontainebleau.
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